Arminio ou Chi la Dura la Vince

ARMINIO
ou CHI LA DURA LA VINCE
Qui tient bon l’emporte

COMPOSITEUR Heinrich Ignaz Franz von BIBER
LIBRETTISTE Francesco Maria Raffaelini
DATE DIRECTION EDITEUR NOMBRE LANGUE FICHE DÉTAILLÉE
1995 Wolfgang Brunner CPO 3 italien

 

Dramma per musica en trois actes, sur un livret de Francesco Maria Raffaelini, composé en 1691/92, dédié à l’archevêque de Salzbourg Johann Ernst, comte de Thun et Hohenstein. On n’a aucune certitude quant à l’exécution, qui serait intervenue entre fin 1690 et le milieu de 1692.

Johann Ernst de Thun

Il s’agit du premier opéra salzbourgeois dont on ait gardé la trace. La partition manuscrite est conservée au musée Carolino Augusteum de Salzbourg.

Le librettiste Raffaelini était attaché à la cour de Salzbourg depuis 1685. Il tomba en disgrâce en 1692 et s’enfuit après deux ans de captivité.

 

Personnages : Arminio, chef de l’armée germanique (basse), Segesta, épouse d’Arminio (soprano), Germanico, fils adoptif de Tiberio (ténor), Nero, fils de Tiberio, épris de Giulia (ténor), Caligula, fils de Tiberio (contralto), Giulia, éprise de Caligula (soprano), Claudia, éprise de Caligula (soprano), Climmia, nourrice de Giulia (ténor), Erchino (ténor), Tiberio, empereur romain (basse), Seiano, préfet des prétoriens (contralto), Vitellio, ami de Germanico (contralto).

 

Synopsis

A Rome, en l’an 16 après Jésus-Christ

Acte I

Sc. 1 – Germanico est rentré vainqueur de la campagne contre les Germains ; il est accueilli en grande pompe par son père, l’empereur Tiberio, et par le peuple. Parmi les esclaves du butin se trouve Segesta, l’épouse du chef de l’armée germanique Arminio; elle est jetée au cachot à cause de son attitude fière et rebelle. Arminio figure lui aussi incognito au nombre des esclaves. Caligula, qui a pris part à la campagne avec son père Germanico et son frère Nero, est tombé amoureux de Segesta.

Sc. 2 – Giulia et Claudia attendent avec impatience le retour de Caligula, qu’elles aiment toutes les deux. Sans savoir qu’elles sont amoureuses du même homme, elles se regardent avec méfiance.

Scènes 3 et 4 – Caligula rencontre Claudia et Giulia, et se comporte avec réserve.

Sc. 5 – Vitellio, un ami de Germanico, rapporte à Tiberio la vaillance de Germanico, pendant que Seiano, courtisan intrigant, essaie d’éveiller la méfiance de Tiberio envers Germanico : celui-ci tenterait en vérité de s’approprier le sceptre de Tïberio. Ce dernier se plaint du sort des monarques.

Sc. 6 – Seiano chante sa décision d’arriver coûte que coûte au pouvoir, en empruntant des moyens détournés s’il le faut.

Sc. 7 – Arminio se plaint de son sort, mais décide de taire son nom et d’affronter le destin.

Sc. 8 et 9 – Comme il l’avait fait avant la campagne, Nero tente en vain d’obtenir l’amour de Giulia, qui le repousse. Climmia, la nourrice de Giulia, ne comprend pas le comportement de la jeune femme vis-à-vis de Nero. Elle se cache pour épier Erchino, l’homme qu’elle aime.

Sc. 10 – Erchino se vante du talent avec lequel il fait croire à Climmia qu’il l’aime. Furieuse, la jeune femme lui déclare qu’elle ne veut plus le revoir, qu’elle ne pleurerait pas sur sa mort. Erchino simule aussitôt sa propre mort, et Climmia, effrayée, tente de le ramener à la vie. Tous deux décident de fêter par une danse la paix retrouvée.

Acte II

Sc. I – Caligula exprime ses chagrins d’amour : il ne sait pas s’il doit se décider en faveur de Giulia ou de Segesta; de plus, il est affligé par le fait qu’il n’a pas encore déclaré son amour à la prisonnière.

Sc. 2 et 3 – Giulia comprend peu à peu l’infidélité de Caligula, et sombre dans la colère et le désespoir : Climmia tente de la calmer ; Nero est d’autant plus fasciné par la jeune femme.

Sc. 4 et 5 – Dans son cachot, Segesta pleure sur son sort. Caligula lui rend visite et prétend qu’Arminio est mort au combat.

Sc. 6 – Germanico témoigne à Tiberio sa reconnaissance et sa soumission. Mais Seiano réussit à faire grandir encore les soupçons de Tiberio envers Germanico. Erchino comprend la situation.

Sc. 7 et 8 – Arminio s’adresse aux divinités et leur demande de prendre en main son destin, cor lui-même n’a pas encore trouvé de point de départ. Il rencontre alors Caligula. Celui-ci promet la liberté à Erastes (c’est sous ce nom qu’Arminio se présente actuellement) si celui-ci l’aide à trouver une solution à son chagrin d’amour. Il avoue à l’esclave le nom de la femme qu’il aime, et l’envoie avec une lettre au cachot de Segesta. Giulia passe justement au moment où il prononce le nom de Segesta, et elle découvre ainsi le dessein de Caligula.

Sc. 9 et 10 – Claudia, qui souffre de son amour contrarié, veut demander des explications à Caligula, qui passe justement par là. Au même moment, Giulia entre en scène avec la même intention. Les deux femmes se rendent compte qu’elles sont rivales ; Caligula se dérobe à cette désagréable situation en triangle par quelques paroles polies et les abandonne à elles deux.

Sc. 11 – Déguisé pour tester la fidélité de son épouse, Arminio apporte à Segesta la lettre de Caligula. Segesta le chasse, enflammée de colère.

Sc. 12 et 13 – Nero discute avec Climmia de son amour infructueux pour Giulia. Mais la nourrice le repaît de généralites sur l’inconstance de l’amour.

Sc. 14 et 15 – Emu et joyeux, Arminio revient auprès de Caligula ; suite à son récit, Caligula décide de rendre lui-même visite à Segesta et de lui révéler son identité.

Sc. 16 – Vitellio et Germanico discutent de la célébration qui aura prochainement lieu en l’honneur de la victoire de Germonico. Erchino fait le fou et joue le Dieu de la guerre qui veut réduire en miettes tous les ennemis. Les deux autres le raisonnent à grand peine, puis Vitellio est saisi de la même fausse ardeur au combat.

Acte III

Sc. I – Au cachot, Caligula essaie de faire plier Segesta par des déclarations d’amour et des menaces, mais celle-ci l’éconduit avec colère.

Sc. 2 – Erchino s’exerce à l’escrime sans vis-à-vis hostile, tandis que Claudia se déclare blessée par les flèches d’amour que décoche Amor.

Sc.s 3 et 4 – Giulia rappelle à Caligula ses anciennes déclarations d’amour. Celui-ci lui tient des discours sur l’instabilité du monde et de l’amour, et elle décide de renoncer dorénavant à lui.

Sc. 5 et 6 – Nero est encore amoureux de Giulia. Celle-ci décide d’exaucer ses voeux.

Sc. 7 – Arminio est encore une fois envoyé auprès de Segesta ; il la menace de torture, avant de lui revéler sa véritable identité. Ils mettent au point leur plan de fuite.

Sc. 8 – Climmia flatte Erchino, qui entre dans le jeu, peu enthousiaste.

Sc. 9 – Germanico recommande à Tiberio son fils Nero. Vitellio le soutient. Seiano observe la scène avec colère.

Sc. 10, 11 et 12 – Arminio informe Caligula du récent refus de Segesta et se retire. Caligula trouve ses efforts infructueux envers l’esclave Segesta indignes de son rang, et il veut se tourner à nouveau vers Giulia. Mais comme celle-ci n’accepte pas sa demande de pardon et va jusqu’à se moquer de lui, il se tourne vers Claudia, qui ne se laisse plus charmer par ses déclarations d’amour non plus.

Sc. 13 et 14 – Pendant que Giulia et Nero s’avouent leur amour, Erchino apprend qu’il a perdu ses chances avec Climmia.

Sc. 15 – Tiberio et Germanico discutent de l’attribution de la charge de questeur à Nero. Caligula et Viterlio prennent part à la joie générale. Au grand effroi de Caligula, Nero demande l’assentiment de Tiberio pour son mariage avec Giulia.

Sc. 16 – Seiano a surpris Arminio et Segesta en train de fuir et les amène devant Tiberio. A son grand effroi, Caligula reconnaît en Arminio son messager Erostes, qui dévoile à Tiberio sa véritable identité. Arminio avoue qu’il s’était fait volontairement emmener parmi les esclaves pour délivrer Segesta ; il raconte les missions que lui a confiées Calïgula et s’en remet aux mains de Tiberio. Non seulement Tiberio le gracie, mais il lui inféode un bien. Quant à Caligula, Germanicus devra le punir et l’enchaîner avec les liens d’Arminio. C’est alors que Claudia déclare vouloir enchaîner Caligula par les liens du mariage. Les trois couples réunis chantent chacun un duo d’amour, puis ils reprennent pour terminer la devise de l’opéra: «Chi la dura la vince» (C’est celui qui s’acharne qui sort vainqueur).

(livret CPO)

 

Livret disponible sur livretsbaroques.fr

 
« Le livret, proche de la tradition vénitienne par la longueur, le nombre des personnages et le mélange des genres, n’est malheureusement pas très bon, qui utilise Tacite (la victoire des Romains sur les Germains menés par Arminius), pour bricoler une action où sont purement juxtaposées d’ennuyeuses scènes politiques sans vrai ressort (avec un rôle de comploteur parfaitement inutile) et des intrigues amoureuses répétitives, l’inconstant Caligula délaissant ses amantes pour Segesta (épouse d’Arminius et captive). Contrepoint intéressant, en revanche, un couple buffo aux amours parodiques permet des scènes d’un comique réussi, parfois troublant dans sa complexité (la mort simulée d’Erchino à la fin de l’acte 1, d’ailleurs sublimée par la musique). Reconnaissons également que, chez les personnages féminins, certains éclats de jalousie, de désespoir ou de fureur nous émeuvent.

En effet, quoique mal « ficelé », le livret propose somme toute quelques situations et caractères forts, que le compositeur sait exploiter avec talent : dans des récitatifs dramatiques et riches en ariosi, rappelant parfois les trouvailles expressives d’un Steffani ou d’un Stradella dans le brillant appel aux armes de Germanicus (II, 6) ou dans des airs strophiques, proches du lamento vénitien, souvent émouvants comme ceux de Giulia, Segesta, ou encore la méditation morale de Libère (III, 9). Pourtant, le musicien savant qu’est Biber ne produit sans doute pas un chef-d’oeuvre : globalement, si les récitatifs sont remarquables, si les rares duos séduisent, les airs, eux, brillent plus par leur habillage harmonique et instrumental, ou par l’utilisation prenante de l’ostinato, que par leur invention mélodique un peu sommaire, en tout cas austère et peut-être mal adaptée à la scène. » (Opéra International – juin 1995)

 

Représentations :

Monte Carlo – 1995 – Orchestre de Monte-Carlo – Chor Luca Veggetti – dir. Claudio Scimone – mise en scène Pier Luigi Pizzi –

Innsbruck – Tiroler Landestheater – 27 août 1994 – Concerto Armonico Budapest – dir. Howard Arman – avec Frederick Martin (Tiberio), Raimund Nolte (Sciano), Douglas Nasrawi (Germanico), David Cordier (Calligola), Ludwig Grabmeier (Nerone), Gregory Reinhardt (Arminio), Thérèse Feighan (Segesta), Ruby Philogene (Giulia), Catherine Pierard (Claudia), Ernst Dieter Suttheimer, Ian Honeyman (Narren)