CD King Arthur (1991)

KING ARTHUR

King Arthur

COMPOSITEUR

Henry PURCELL

LIBRETTISTE

John Dryden

 

ORCHESTRE The English Concert
CHOEUR Chevilly Holy Spirit Fathers Choir
DIRECTION Trevor Pinnock

Cupid, Venus, Nymph Nancy Argenta soprano
Cold Genius, Aeolus Brian Bannatyne-Scott basse
Philidel, Shee, Sheperdess, I, Siren Linda Perillo soprano
Grimbald, He, Pan Sylvan Gerald Finley basse
Honour, Nereid, Sheperdess II, Siren II Julia Gooding soprano
Comus, Tenor II, Sheperd Jamie MacDougall ténor
Tenor I Mark Tucker ténor

DATE D’ENREGISTREMENT juin 1991
LIEU D’ENREGISTREMENT
ENREGISTREMENT EN CONCERT

EDITEUR Deutsche Grammophon
COLLECTION Archiv
DATE DE PRODUCTION juin 1992
NOMBRE DE DISQUES 2
CATEGORIE

 Critique de cet enregistrement dans :

Opéra International – février 1995

« Dès le début, cet enregistrement laisse apparaître une pesanteur dommageable. Les cordes sont plates, sans spectre sonore aéré. Constitué de solistes rassemblés pour la circonstance, le choeur ne trouve ni justesse réelle ni homogénéité. Les hommes grossissent souvent leur voix (notamment la basse Gerald Finley et le ténor Jamie Mac-Dougall) et prennent l’ouvrage totalement au sérieux, empêchant même toute efflorescence poétique. Quant aux femmes, elle feignent trop souvent les petits garçons, d’où de f réquentes alacrités. Mais le plus triste est surtout le travail de Trevor Pinnock, sombrant dans un juste milieu temp – articulations, couleurs, tout est neutre. Et au manque d’engagement dramatique se joint une absence d’intelligence formelle et d’imagination poétique. L’audition globale est d’une grisaille et d’un académisme hélas jamais démentis. »

L’Avant-Scène Opéra – 1995

« Un continuo voluptueux (ah ! ce théorbe !), des voix de sopranos fruitées qui se caressent l’une à l’autre, toutes en ombres et en courbes… Voilà les Sirènes les plus sensuelles de la discographie de King Arthur ! On a enfin trouvé un ton, dès lors que les particularités de style ont été assimilées. Abordons d’emblée le point faible de l’entreprise, des erreurs de distribution manifestes fort heureusement compensées par d’autres prestations idéales. C’est ainsi que la Vénus corsée et le Cupidon très frais de Nancy Argenta rachètent le Génie affreux de Brian Bannatyne-Scott, que le Grimbald imposant de timbre, le He jeune et éloquent de Gerald Finley nous font pardonner le vibrato débraillé du ténor Jamie McDougall. Ici, le tout vaut mieux que la somme des parties. Et aux côtés des exemplaires Argenta et Finley, une alerte Julia Gooding (dans l’air apocryphe de l’Honneur, à la fin de l’oeuvre), un héroïque Mark Tucker (ténor à l’enthousiasme viril qui se charge aussi des parties de contre-ténor en leur donnant incisivité et mordant) et une radieuse Linda Perillo prouvent enfin que style et musicalité ne sont pas incompatibles avec implication et caractérisation. Même brillante démonstra-tion de la part de l’English Concert. Si le choeur n’atteint pas à l’impeccable maintien du Monteverdi Choir, son moindre aboutissement lui donne la touche d’humanité qu’il faut. Et l’orchestre cherche des couleurs autres que celles des Baroque Soloists, plus chaudes, plus dramatiques aussi. Le continuo est époustouflant : archiluth, théorbe, clavecin et deux five-course guitars se sont donné le mot pour fouetter les rythmes de la bataille ou pour donner son climat intimiste au dialogue de He et She. Parfois plus mesuré que Gardiner, mais plus varié dans les atmosphères, on dira de Pinnock qu’il est « animé » dans le sens premier du terme : sa direction a une âme, sa conception a du souffle. Elle sait alterner horizontalité des mouvements et verticalité des accents, tempi mesurés et nerveux, dans un constant souci de logique théâtrale. On en veut pour preuve la beuverie de Cornus et de ses acolytes, dans laquelle choristes et solistes rivalisent traditionnellement de gouaille et de cris d’ivrogne, et qui est ici réellement conduite dans un crescendo or-giaque. Les enchaînements entre numéros témoignent aussi d’un véritable sens de la scène. On tient donc enfin un Roi Arthur qui n’a pas peur des clins d’oeil (encore qu’on peut imaginer Bergers plus coquins), même s’il fait la part belle à la poésie agreste ou aux tourments de l’âme. »

Opéra International – novembre 1992 – appréciation 4 / 5

« Pinnock a su garder la netteté et la vivacité des attaques, des carrures rythmiques et des tempi propres à la manière baroque d’interpréter Purcell, tout en le débarrassant de ce qu’elles pouvaient avoir chez Gardiner d’artificiellement joli et un peu salonnard…Dans l’ensemble l’orchestre de l’English Concert est chaleureux, ses sonorités rondes et colorées, hélas un peu noyées dans la prise de son…Hélas, Pinnock ne dispose pas d’une équipe de solistes exceptionnels ; seuls Mark Tucker et Géral Finley sont vraiment bien. Les sopranos manquent de charisme. »