CD Sant’Alessio (1995)

IL SANT’ALESSIO

Il Sant'Alessio

COMPOSITEUR

Stefano LANDI

LIBRETTISTE

Giulio Rospigliosi

 

ORCHESTRE Les Arts Florissants
CHOEUR
DIRECTION William Christie

Roma, Religione Maryseult Wiedzorek soprano
Eufemiano Nicolas Rivenq basse
Adrasto Christopher Josey basse
Sant’Alessio Patricia Petibon soprano
Curtio Mhairi Lawson soprano
Martio Steve Dugardin alto
Demonio Clive Bayley basse
Nutrice Katalin Karolyi alto
Sposa Sophie Martin-Degor soprano
Madre Cécile Eloir soprano
Angelo Stéphanie Révidat soprano
Nuntio Armand Gavrilidès alto
Uno del Choro Bertrand Bontoux basse

DATE D’ENREGISTREMENT septembre/octobre 1995
LIEU D’ENREGISTREMENT Salle Berthier – Paris
ENREGISTREMENT EN CONCERT non

EDITEUR Erato
COLLECTION
DATE DE PRODUCTION 1996
NOMBRE DE DISQUES 2
CATEGORIE DDD

Critique de cet enregistrement dans : 

Goldberg – décembre 2002 – appréciation 5 / 5

« Un pur chef-d’oeuvre revit grâce à la ferveur des Arts Florissants, cousin des grands opéras vénitiens de Monteverdi, dont il partage le ve-et-vient et les volte-face entre tragique et farce, sans préjudice pour l’intensité de l’acte spirituel. Et comme chez le Crémonais, une harmonie suggestive s’y épanouit, tant dans des choeurs peints à fresque et superbement visuels (les fiévreux tutti des démons à la scène IV de l’acte I) que dans des ensembles plus intimistes où le madrigaliste que fut aussi Landi nous touche en poète. Dans ce décor emblématique du Baroque, art de la représentation et de l’image, même quand il nous parle comme ici du destin d’Alexis, mort aux plaisirs du monde, l’instinct et les savoi-faire des « Arts Flo » et de Christie restent incontournables, qui ressuscitent une espèce de vida mystique comme les aimait le Moyen Age. Etant entendu que le réveeil s’y colore d’un précieux bonheur expressif. Et il va sans dire qu’à la réussite du collectif répond l’engagement du chant des solistes qui forment autour du soprano de Patricia Petibon – Alexis ineffable, liturgique – comme un cortège d’honneur (on citera l’Eufemiano de Nicolas Rivenq, le diable d’effroi et de fureur de Clive Bayley, l’Epouse de Sophie Marin-Degor, etc…). »

Le Monde de la Musique – novembre 1996 – appréciation 4 / 5

« Revenant à une époque et à un style dont il est l’un des rares interprètes de génie, William Christie aborde l’une des oeuvres les plus fascinantes et les plus complexes du XVIIe siècle italien. Pour cet opéra dont l’action – pour la première fois dans l’histoire du genre – met en scène des personnages historiques, le chef retrouve l’élan et l’intuition qui firent de son interprétation de l’Orfeo de Luigi Rossi un de ses plus beaux enregistrements. Rédigé par le futur pape Clément IX, le livret d’il Sant’Alessio est un concentré de doctrine catholique au temps de la Contre-Réforme. La beauté de cette oeuvre créée eus 1632 à Rome se trouve non pas dans ses récitatifs quelque peu mécaniques – par ailleurs légèrement coupés – mais dans les ensembles et les choeurs, ces derniers étant d’une saisissante richesse. Quant aux rares morceaux instrumentaux, ils annoncent déjà l’évolution future de la musique italienne.

Chrïstie ne se laisse pas tromper par l’hétérogénéité de la partition de cet opéra sacré à machines et maintient la progression du drame, se concentrant sur les scènes plus intimes. Autour de l’Alexis poignant de Patricia Petibon. qui campe un saint pitoyable et attendrissant, les excellentes prestations de la distribution confirment une fois encore combien Christie est habile à tirer le meilleurde ses chanteurs. Avec un choeur des grands jours, le chef met superbement en valeur l’expressivité des scènes de foule. Un entegistrement à marquer d’une pierre blanche dans la mince discographie de l’opéra italien du Seicento. »

Diapason – octobre 1996 – appréciation : Diapason d’or – technique 8,5

« Cette opulente tapisserie, toute bruissante de prières, de rumeurs, de larmes, réclame un collectif qui accorde à l’exigence musicologique l’instinct de l’émotion et du décor baroque. Un registre où William Christie et ses Arts Florissants restent incontournables, peignant à fresque une vida mystique, mais sans cesser de l’animer d’une formidable dimension expressive. Et le réveil est tout aussi spectaculaire chez les solistes qui forment, autour du soprano Patricia Petibon, Alexis liturgique, bouleversant de jeunesse et de ferveur fragile, comme un cortège d’honneur. »

 Opéra International – octobre 1996 – appréciation 3 / 5

« Le résultat sonore déçoit quelque peu…William Christie pose sur une oeuvre fragile et naïve un paradigme interprétatif fort massif. Ainsi recouvert par ce qui se peut dénommer un « grand geste », cet opéra sacré ne respire plus, ne peut plus exhaler ses parfums éphémères, sa poétique de l’instant et son architecture plus virtuelle que riche d’une ample emprise au sol. Christie a tout trop calculé, trop organisé, alors qu’il aurait dû poursuivre le travail jadis entrepris avec des oratorios de Luigi Rossi. Il en va de même dans le choix de ses solistes et dans leur utilisation contraints à chaque instant par trop d’intentions expressives, ils en oublient de raconter et de nous faire vivre une histoire par la grâce de leur seule nature vocale laissée en liberté. A l’exception de trois d’entre eux, dont les mérites sont vantés ci-après, les autres solistes vocaux offrent un art maniéré et qui trahit certains défauts techniques qu’il serait trop long d’aborder ici. Tirent donc leur épingle du jeu le baryton Nicolas Rivenq (voix souple, aigu parfois ténorisant, médium et grave chaleureux, excellent déclamateur), les sopranos Patricia Petibon (émission naturelle, voix riche en couleurs, projection naturelle, noble expressivité) et Sophie Marin-Degor (timbre chaleureux et grande expressivité, malgré un haut médium pas toujours bien apprivoisé). Signalons tout de même, dans deux petits rôles, deux espoirs à suivre le contre-ténor Armand Gavrilidès, à l’aigu facile, et la basse profonde Bertrand Bontoux, qui aurait bien mieux convenu que Clive Bayley dans le rôle gravissime de Demonio. »